Evènements

Avril 2024
Lun
Mar
Mer
Jeu
Ven
Sam
Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
1
2
3
4
5

 

 

Voir tous les évènements

Histoire de l’esclavage Critique du discours eurocentriste Vol. 5

Jean-Philippe Omotunde
Édition : Menaibuc
ISBN : 2353490433
Format du livre : 15 cm*21 cm
Poid : 0g
EAN : 978-2353490431
Disponible
15,22€  

Quantité


Afin de garantir un futur démocratique aux générations à venir, l’histoire des hommes – que nous avons aujourd’hui le devoir et la responsabilité de leur transmettre puisque c’est la leur – ne saurait continuer à s’écrire dans l’obscurantisme idéologique que subissait encore il y a moins de 50 ans le Professeur Cheikh Anta Diop lorsqu’il entreprit le travail révolutionnaire de restauration de la Conscience Historique Africaine et au-delà celle de l’Humanité.

Tous les pans de l’histoire africaine dans sa pluri dimensionnalité devront être revisités avec objectivité scientifique. L’accent sera tout particulièrement mis sur les impacts négatifs cumulés des faits historiques de ces 500 dernières années sur les développements économique, technologique, politique, démographique, culturel, psychologique et social. Ces facteurs doivent être pris en compte dans l’explication des réalités contemporaines.

A travers l’ « Histoire de l’Esclavage : critique du Discours Eurocentriste », Jean Philippe OMOTUNDE tente de corriger la falsification de l’historiographie des razzias négrières et de l’esclavage. Nombreuses questions sont abordées dans ce livre dont entre autres :
l’influence des berceaux historiques des sociétés issues du nomadisme et du patriarcat
la nature du contact Europe/Afrique à l’époque impériale
l’importance de la Résistance africaine dans le processus qui a conduit aux Abolitions.

Cet ouvrage de Jean Philippe OMOTUNDE est aussi une contribution au combat contre le négationnisme.



Sujet: Histoire de l’Esclavage : critique du Discours Eurocentriste - Omotunde    https://illiweb.com/fa/empty.gif Dim 31 Juil 2011 - 10:13


Interview de JP Omotunde 
http://www.africamaat.com/Histoire-de-l-Esclavage-critique

Dans son dernier ouvrage, Jean Philippe OMOTUNDE tente de corriger la falsification de l’historiographie des razzias négrières et de l’esclavage.


Votre ouvrage est sous-titré « critique du discours eurocentriste ». Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

JPO : J’ai écrit cet ouvrage pour montrer qu’il existe un discours eurocentriste sur l’histoire des razzias négrières et de l’esclavage et tout comme celui sur l’Egypte antique, il est profondément fallacieux. D’ailleurs comme on l’a vu récemment, le lancement de l’ouvrage « Les traites négrières : essai d’histoire globale » de l’historien nantais Olivier Pétré Grenouilleau, a été quant au fond, un vaste show médiatique qui a allié désinformation et calomnie, cela sur la base d’un monologue historiographique qui au finish, a totalement privé le public de l’opportunité d’apprécier l’antithèse de cet ouvrage. Le résultat, le professeur Steven Hahn le reconnait officiellement dans le Monde Diplomatique, « la traite des Noirs fait l’objet d’un débat acharné... le commerce négrier est devenu un sujet explosif sur lequel la désinformation n’épargne même plus un public instruit ». Que constatons-nous ? Les descendants des victimes, qui n’ont toujours pas eu l’opportunité d’exprimer ouvertement leur point de vue doivent, après une longue période de silence, affronter maintenant la désinformation médiatique. De plus, les historiens qui ont rallié les thèses eurocentristes, ne font que recycler les vieux arguments sans fondement des anciens financiers européens des razzias. Face à une telle mascarade, il était important de réagir en présentant aux jeunes générations panafricaines la nature de notre point de vue et surtout d’indiquer le « sens de la lutte contre la falsification de l’histoire des razzias négrières et de l’esclavage », un peu comme l’avait fait sur un autre thème, le professeur Théophile Obenga.


Cette problématique a pourtant fait l’objet de grandes discussions lors de la première commémoration en 2006 de l’abolition de l’esclavage. Qu’est ce que vous remettez en cause ?

JPO : En fait, depuis le vote de la loi Taubira en 2001, il s’est passé beaucoup de choses. Premièrement, la procédure découlant de cette loi a été immédiatement « formolée ». Deuxièmement, on a tout de suite validé médiatiquement contre les descendants des victimes, le discours argumentaire des « criminels » (négriers, financiers, ecclésiastiques…) sans se soucier de l’esprit de la Loi, qui interdit normalement un tel fait. Simone Weil l’a d’ailleurs déjà dit sur un autre registre, « on ne peut valider contre la victime, les accusations des meurtriers ». Troisièmement, la question de l’enseignement scolaire de cette page d’histoire européenne ayant commencé à déranger les consciences d’un certain establishment français, on a assisté à la construction à grand renfort médiatique, d’une argumentation que l’on peut qualifier de « dédouanement » de l’entreprise esclavagiste française. Le concept de « mémoire partagée » et les thèses fantasmagoriques portant sur les « négriers africains », la « traite interne africaine » et l’« anachronisme » en sont les conséquences. Quatrièmement, les critiques épicées de l’humoriste Dieudonné sur l’hypocrisie régnante dans la gestion nationale de la mémoire de l’esclavage a mis mal à l’aise l’establishment parisien qui a contre-attaqué médiatiquement tout en réactivant à la hâte, les procédures gelées jusqu’alors. C’est donc 5 années après le vote de la loi Taubira, que l’on a officiellement commémoré cette page d’histoire. Dans le même temps, plusieurs attaques en « raz de montagne » ont défrayé la chronique. Comme exemple, nous pouvons citer les multiples tentatives d’abrogation de la loi Taubira et le vote de la loi reconnaissant les bienfaits de la colonisation.

Qu’est ce qui vous semble être le plus problématique ?

JPO : Les historiens occidentaux ont totalement évacué du champ de la recherche historiographique, la notion de « résistance africaine » face à l’oppression impérialiste pour échafauder leur théorie de la « collaboration ». Voilà pourquoi par exemple, ils passent sous silence l’encerclement du continent avec leurs centaines de châteaux forts puissamment armés. Ainsi on a presque l’impression, à la lecture des récits de Grenouilleau et consorts, que les africains attendaient désespérément leurs amis négriers européens. Dans ce genre de drame humain, nous étions habitués au contraire. On le voit pour l’histoire de France où la notion de « résistance » est dopée à l’EPO historiographique et politique. Et même si le gaz qui fut utilisé dans les chambres à gaz nazis fut inventé par un scientifique juif, même si 160 000 soldats juifs faisaient partie intégrante de l’armée allemande, on a jamais vu personne parler de « collaboration juive » à la Shoah. Mais pour l’Afrique, on pousse la thèse de la « collaboration » au paroxysme médiatique au point que certains afro-caribéens et afro-américains, pris au piège, reprochent aux africains de les avoir vendus.Alors que pour tous, le drame les rassemble, les unit même, pour nous, ce drame nous divise car le récit qui en a été fait par l’Europe est mesquin, fallacieux et médiocre. D’où l’importance du travail que doivent accomplir en toute objectivité, les historiens d’ascendance africaine pour réparer le mal. Un autre point me semble être essentiel. Il n’a pas concevable que les descendants des victimes aient le même regard historique que les descendants des négriers, tout autant que l’hypocrisie oxydera l’analyse historiographique. Car cela décrédibilise le « Crime ». Voltaire disait que ceux qui vendent les leurs sont plus condamnables que l’acheteur. Vous comprenez maintenant pourquoi les idéologues européens falsifient les faits pour « camper » sur le terrain de la collaboration.



A vous entendre, on a l’impression que vous voulez dédouaner les africains de leur part de responsabilité. Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer cela ?

JPO : Dans cette histoire, l’establishment français est juge, parti et détenteur de l’arme médiatique ce qui complique inexorablement les choses. Et malheureusement, la puissance politique et médiatique des pays du sud n’égale pas celle des pays du nord. Du coup, ils ont carte blanche pour échafauder leur discours eurocentriste voire calomnieux et lancer les thèmes médiatiques. Ecrire, comme je l’ai vu dans les journaux, de fausses vérités telle que les « Africains se capturaient et s’asservissaient entre eux » en passant sous silence que le mot « esclave » désigne expressément des blancs nommés les « Slaves » qui étaient régulièrement capturés par les rois européens au moyen-âge, vendus et déportés à fond de cale de bateaux en tant qu’esclaves aux Arabes à Venise, est profondément mesquin. Prétendre que la capture et l’acheminement des captifs africains le long des côtes étaient réalisés sans aucune aide des européens est encore se moquer du monde. Les européens ont fourni l’arme du crime (les fusils et les balles), la logistique du crime (les carcans, les bateaux…) et le mobile du crime. Quant à la thèse de l’esclavage en Egypte, permettez-moi de vous dire que c’est une immense escroquerie. Il n’existe aucun déterminatif en hiéroglyphe pour qualifier le mot « esclave ». A vrai dire, il ne s’agit pas de charger ou de dédouaner l’Afrique, mais plutôt de [b]s’en tenir aux faits ![/b]

En accusant les autres d’être entièrement responsable de l’esclavage, n’êtes vous pas en train de reproduire ce qui finalement vous semblez dénoncer ?

JPO : A la base, il s’agit simplement de cerner les faits. Cependant, à partir du moment où l’on quitte le domaine de l’analyse historique stricte pour accuser l’Afrique d’être responsable des événements, on nous place dans l’obligation de répondre sans distinction, c’est-à-dire même aux Antillais et aux Africains qui s’aventuraient à reprendre les thèses eurocentristes. Les gens confondent volontairement « cadre culturel européen » et « cadre culturel africain ». En Europe, vous avez le mot « Captif » et le mot « Esclave » qui découle, ne l’oublions pas, du nom des « Slaves ». En Afrique antique et impériale vous n’avez que le mot « Captif ». Dans le fond, parler « d’esclaves » en Afrique revient à faire comme si on soutenait qu’en France sous Louis XIII, il y avait des Samouraïs. Bien qu’il s’agisse de chevaliers chargés de défendre leur roi, on ne peut utiliser ce mot pour l’histoire de France, car entre la France et le Japon, les cadres culturels sont différents. Par contre, on veut utiliser le même mot « esclave » pour l’Europe et pour l’Afrique, en se référant à la seule définition donnée par Aristote et sans tenir compte de l’éloignement des cadres culturels. Cela relève dans le fond, de l’entreprise de l’escroquerie !


Bien que vous ne soyez pas un historien formé dans une université occidentale, vos arguments sont très techniques. D’où viennent vos sources ?

JPO : Elles sont relativement variées. Il y a tout d’abord les documents africains (correspondance des rois, récits et analyses de chroniqueurs et d’historiens africains, examen des langues africaines…) puis viennent les récits des explorateurs étrangers (arabes et européens), les récits des négriers européens et le travail de recherche des historiens antillais, américains et européens. J’utilise beaucoup les mémoires de thèse et les comptes rendus des débats entre spécialistes, tels le Colloque sur l’esclavage organisé par le CNRS et le Réseau Thématique prioritaire en 2006 à Paris et le Séminaire national du 10 mai 2006 initié dans le cadre du Programme national de pilotage émanant de la direction générale de l’enseignement scolaire.

Quelles sont vos propositions pour l’écriture d’une histoire africaine débarrassée de ce que vous appelez les « jugements esthétiques » ?

JPO : Vous savez, le discours européen sur le passé africain s’arc-boute dans un champ sémantique négatif et raciste dont les contours dépréciatifs passent sous silence l’extraordinaire richesse civilisationnelle du continent. Du coup, les jugements esthétiques européens qui en découlent, sont à la base de la marginalisation systématique de l’histoire africaine du cours de l’histoire universelle. C’est donc en réintroduisant l’histoire africaine dans le cours de l’histoire humaine, à grand renfort de logique méthodologique, de supports de médiatisation et de documentation scientifique, que nous parviendront à faire tomber les barrières racistes. Dire, comme l’a fait Monsieur Sarkozy que l’Afrique n’est jamais rentrée dans l’histoire universelle, alors qu’Europe était une jeune femme africaine et que c’est son frère qui a introduit l’écriture en Europe, est faire preuve d’ignorance. Que dire encore du ind-Brazza qui fut déclaré par de Gaulle, capitale de la France libre ?

Que pensez-vous de l’esclavage contemporain en Afrique subsaharienne qui lui existe bien réellement ? N’est-ce pas là une preuve que l’esclavage a toujours existé en Afrique ?

JPO : Avant l’arrivée des Arabes en Afrique, il n’y avait même pas de terme pour mentionner le mot « esclave ». La langue nubienne et langue égyptienne qui en découlait, n’en n’avaient pas. Mais avec l’arrivée des Arabes au VIIème siècle et leur impossibilité de conquérir par la force la Nubie, ces derniers vont ruser et proposer un accord de « non agression » appelé « Baqt » aux nubiens, dans lequel on retrouve la première mention de livraison de captifs destinés à l’esclavage. Par la suite, avec la progression des Arabes vers l’ouest, c’est à ce moment que l’on a vu apparaître la pratique esclavagiste et les razzias en Afrique. Mais ne croyez pas que les choses se soient passées sans violence, avec la complicité tacite des peuples africains de l’époque. Henry Morton Stanley témoigne par exemple, de l’hostilité farouche qu’a rencontrée un trafiquant arabe nommé Hamed Ibrahim sur les terres des royaumes du Rwanda et du Burundi. Aujourd’hui cet esclavage qui persiste en Afrique subsaharienne est inacceptable et il en va de la responsabilité de l’Union Africaine de régler définitivement ce problème. Autrement, à quoi sert cette organisation ?